De Hugo Rouvière

Chapitre 1 : les premiers jours
Ce matin je me réveille encore dans une salle sombre, je ne vois rien. Mais cette fois, ne me demandez pas pourquoi, je vois au bout du couloir une lumière. Je me fais emporter par un liquide qui devait m’entourer. Plus je me rapproche plus j’ai mal aux yeux. On dirait la porte vers un autre monde… Et là d’un coup, ouille ! J’ai mal aux fesses. Je viens de tomber de haut. Je n’avais pas tort à propos de la porte vers l’autre monde. En fait , j’étais dans le ventre de ma maman et ce trou au dessus de ma tête, c’est ce par quoi je suis sorti. J’essaie de me relever mais je ne suis pas doué. Il me faut apprendre. Je sais que je ne bouge pas beaucoup pour le moment mais j’ai envie de dormir. Avant de me coucher, je regarde mes parents. Ils ont l’air content que je sois venu dans ce monde.
Je me réveille c’est encore le jour ou est-ce un nouveau jour ? Je ne sais pas. Je vais demander à maman.
« – Il ne fait pas toujours jour mon chéri.
– Maman ! maman ! Je peux apprendre à marcher.
– Oui mon chéri »
Maman m’explique. Je crois avoir compris. J’essaie alors deux trois pas et je marche sur quelque chose. J’ai mal à mon nez, je viens de marcher sur ma trompe. Maman me dit :
« – Mon chéri, attention à ta trompe ! Tu aurais pu te faire vraiment mal. »
J’ai faim. Je regarde mes parents. Ils sont en train de manger, je regarde et j’essaie d’apprendre. Ils arrachent les feuilles et les hautes herbes avec leur trompe et ils amènent le tout dans leur bouche. Ca ne me paraît pas si facile. J’essaie mais c’est raté. J’ai oublié, en fait je dois encore téter. Je vais voir maman en tombant deux ou trois fois sur le chemin et je lui demande si je peux la téter. Maman s’allonge et je commence alors à téter au milieu des arbres. Je suis protégé par « le boss Papa », le grand éléphant d’Afrique. Allez c’est la nuit, au dodo ! Car demain sera une grosse journée dans ce monde. Je me blottis sur mon gros papa et je commence à m’endormir quand des bêtes me montent dessus. Elles ont des ailes, elles se collent au caca et elles font bzzz… je les déteste !
Aujourd’hui je continue à apprendre à marcher une patte après l’autre et au fil des heures, je commence à m’habituer. J’y arrive de mieux en mieux. Au moment du coucher du soleil, je maitrise parfaitement la marche. Mais toute cette journée m’a épuisé, je pars me coucher. Cette fois, papa et maman veulent me montrer quelque chose : une cage où vivent des singes sans poil et des gros animaux avec des ronds en dessous. Maman me dit que les gros animaux s’appellent « voiture ». Maintenant, je peux aller me coucher dans cette herbe dont je ne connais pas le nom. Mais je l’aime bien, elle est douce, moelleuse et très haute. Il ne faut pas passer trop vite dessus sinon elle coupe et cela fait très mal, même papa n’aime pas cela.
Pour cette nouvelle journée, maman me dit de s’accrocher à sa queue avec ma trompe. Et c’est ainsi que commence le long voyage vers un autre endroit où se trouve de l’eau. Maman m’explique que les humains sont trop près de l’eau et qu’ils ont peur avec papa que je sois capturé et tué. Nous sommes trop d’éléphants dans la région apparemment. Il faut aller se cacher dans un endroit avec des rhinocéros et de l’eau. Moi je n’ai jamais vu de rhinocéros alors j’avoue que j’ai un peu peur qu’il me mange. Mais si papa et maman m’y emmènent, c’est qu’il ne doit pas y avoir de danger donc aucune raison de s’inquiéter.
Au bout d’un moment, on s’arrête pour dormir dans un endroit qui m’est encore inconnu. Maman me dit :
« – Papa va rester éveillé pour être sûr qu’il n’y ait aucun souci, pas de lions, de léopards ou de guépards.
– C’est quoi un lion ? Un léopard ? Un guépard ?
– Ce sont des félins mon chéri. Ils mangent de la viande et pour en manger il faut qu’ils chassent et tuent des animaux. Ils ne mangent ni herbe ni fruits comme nous.
– Cela veut dire que j’ai de la viande à l’intérieur de moi ? Mais c’est quoi la viande ?
– Tes muscles par exemple. »
Après cette explication, je m’endors et je fais un rêve de papa qui écrase ma queue.
Le lendemain, on reprend la route vers ce chemin. Je vois pleins de nouvelles choses : des gnous, animaux à corne avec une crinière, des zèbres, animaux rayés avec une crinière et sans cornes, ils secouent leur tête quand ils marchent, des girafes, tachetées avec des cornes et un long cou, des antilopes avec des bois et des fesses toutes blanches. Quand nous arrivons, je vois un rhinocéros. Je joue avec lui, il est très gentil et je l’adore. Il a deux cornes sur le nez. Certains rhinocéros ont le nez carré, d’autres ont le nez en pointe. Après avoir bien joué avec mon nouvel ami, je pars me coucher, fatigué de cette longue journée de marche même si papa m’a porté un bout du chemin. Il est trop fort mon papa. Avant de m’endormir, je bois le lait de maman pour apaiser ma faim.
J’ai grandi maintenant : j’ai 12 ans ! Et je fais des traces énormes avec mes pattes. Je bois l’eau des lacs et je mange l’herbe par grosses poignées. J’ai quitté mes parents il y a quelques mois déjà pour découvrir la savane seul. Cela fait bientôt 7 ans qu’il ne pleut plus ici, l’eau et l’herbe commencent à manquer. Je me rapproche d’une route et croise le chemin d’une voiture. Comme je veux passer, je barris pour la faire fuir mais la voiture ne bouge pas… Alors je charge et je fais voler la voiture. Les singes sans poil en sortent en courant et en hurlant. Je peux reprendre mon chemin sereinement sauf que la voiture est restée coincée sur ma défense… Je secoue la tête dans tous les sens, la voiture s’envole et finit par retomber dans le sable pleine de poussière.
D’un coup, la pluie tant attendue se met à tomber du ciel. Des litres d’eau coulent le long de la route en à peine quelques secondes. Je ne vois plus rien, ce sont de véritables rideaux de pluie. Alors je continue à l’aveugle.
C’est là que j’entends…

Chapitre 2 – Les fauves
Ils hurlent dans tous les sens… Graoooo…
Ils se rapprochent. Je pense qu’ils attendent que je me fatigue. Ah non je me suis trompé, ils attaquent ! J’écrase un de leurs companions, j’embroche le second et charge le dernier : les voilà tous KO ! J’ai du sang sur les pattes mais ce n’est pas le mien. Heureusement la pluie me nettoie. Je profite de cette eau, je joue, je saute, je me roule dans la boue. Puis je repars à la recherche de bananes, j’ai très envie d’y goûter. Au bout d’un moment j’aperçois les bananiers : ils sont gorgés de fruits bien jaunes mais très haut sur l’arbre. Je suis obligé de m’appuyer sur le bananier qui finit par céder sous mon poids et je me casse la figure. Aïe ! Je me suis coupé et ce n’est pas cool. Par contre les bananes sont désormais à porter de main ou plutôt de trompe. Je les attrape et je goûte… Mais que c’est bon !! J’adore ! C’est magique tellement c’est bon et il y en a pleins. Je décide de rester plusieurs jours et de reprendre mon voyage ensuite jusqu’au point d’eau d’Olifantruus : c’est là où je vivais petit, là où j’espère retrouver mes parents. J’ai vraiment hâte de les revoir, je les aime tellement.

Chapitre 3 – Je revois des éléphants
Il y a du bruit au loin mais je ne vois rien à cause de la pluie. Je décide de m’approcher. Je fais quelques pas, je commence à entendre de mieux en mieux les bruits… des éléphants ! Je me rue vers eux. C’est alors que j’aperçois des fauves. Je me décide à leur faire peur et heureusement ils partent vite sans avoir attaqué personne. Je découvre alors une maman et son bébé éléphanteau. Il est trop mignon, je l’aime déjà. Sa maman me remercie. Je pousse un mini barrissement de victoire. Je leur demande si ils savent où se trouve Olifantruus.
« – C’est par là, dit l’éléphanteau
– Merci mon petit, dis-je gentiment
– Au revoir !
– Au revoir ! »
Et je continue vers le Nord en direction de mes parents. Au bout de quelques heures je tombe nez à nez avec des arbres. Ni une ni deux, je prends mon élan et rentre dans la barrière d’arbres. J’en profite au passage pour frotter mes défenses sur l’un des arbres jusqu’à lui retirer toute son écorce. Que cela fait du bien ! J’ai bien dormi cette nuit. Je vais pouvoir bien marcher en passant pas loin d’un regroupement de springboks tout en faisant attention de ne pas les écraser. Je marche des heures durant, je m’ennuie, je ne croise personne pas même les springboks. Je commence à ressentir la fatigue. Je m’endors sur le chemin… Je me réveille soudain dans le corps d’un lionceau et je me ballade dans un champ quand soudain je me fais écraser…
Je me réveille en sursaut dans une salle médicale, j’avais fait un mauvais rêve. Dans la pièce où je me trouve, il y a des choses étranges inscrites sur le mur :
> Poids : 5 tonnes
> Taille : 8 mètres
> Taille de la trompe : 1 mètre
> Age : 31 ans
> Temps avant la mort naturelle : 19 ans
> Nourriture : 1 tonne
Malheureusement je ne comprends rien de ce que tout cela veut bien dire. Soudain 10 hommes rentrent dans la salle. Ils me soulèvent et me relâchent près des éléphanteaux. Il fait nuit et je suis très las. Je me couche et m’assoupis près d’un arbre. Je fais alors un rêve merveilleux : je revois mes parents et on joue tous ensemble, c’est génial ! Mais tous les rêves ont une fin. Quand je me lève le lendemain matin, il fait beau et chaud et personne ne m’embête. Il y a des oiseaux qui chantent, des charognards qui guettent les cadavres et des animaux qui s’abreuvent au plan d’eau.

Chapitre 4 – Mes parents
J’ai l’impression de voir mes parents. Je cours au plus vite les rejoindre. C’est bien eux, ils me voient et sourient. Ils vont bien et nous rattrapons le temps à se raconter nos aventures de ces derniers mois.
Maintenant que nous sommes de nouveau réunis, plus rien ne peut nous arriver.
