8 avril 2021
C’est une journée de transition comme nous en vivons beaucoup depuis le début de notre voyage en sacs à dos. Nous devons rejoindre le village de Jardin. Tout commence le matin à 9h après que Ludo soit passé chez le barbier. Nous avons rendez-vous avec un chauffeur de taxi repéré la veille qui conduit prudemment, denrée rare en Colombie !! En plus, Ludo a négocié qu’il nous pose au terminal de bus du sud de Medellin au lieu du nord afin de gagner un temps de trajet non négligeable. Nous arrivons vers 11h30 au terminal. Là nous prenons un bus direct pour Jardin. En théorie il faut compter 3 heures, et comme toute heure colombienne, le temps s’allonge un peu. Il nous faudra 4h30 pour rejoindre ce charmant village andin avec de magnifiques paysages de montagnes verdoyantes. La route est belle, mais le bus est vraiment « tape-cul » (pardonnez l’expression), mes lombaires me remercient une fois que nous sommes enfin arrivés ! En route, je me fais contrôler sous le regard amusé de Ludo, le policier se demandant si c’était vraiment mes enfants à côté de moi :). Nous trouvons pour finir un taxi pour nous emmener à notre lodge.
Nous avons choisi un éco-lodge, excentré par rapport au village, en pleine nature. Nous sommes servis. Le cadre se prête à l’apaisement, à la méditation, au repos très loin du tumulte des derniers jours passés à Medellin et Guatapé. Le concept est aussi vegan, donc pas le droit de stocker et cuisiner des protéines hormis les œufs :p Un petit régime qui nous fera le plus grand bien !
Comme nous arrivons après le couvre-feu, nous choisissons de prendre le repas préparé par leurs soins : un velouté d’épinards (un délice !), des sandwichs toastés vegan et en dessert des petites cracottes à tremper dans de la compote de goyave maison. Cela nous fait le plus grand bien de manger frais et léger depuis que nous sommes arrivés en Colombie !
Après une nuit rythmée par les bruits de la nature et du torrent dans la vallée, nous nous levons au petit matin pour démarrer la journée par une séance d’accro-yoga en famille. Nous passons une heure à voler dans les airs avec des portées digne du cirque du soleil… ok avec un peu moins de grâce 🙂 Après le cours, ils nous servent un petit-déjeuner tout fait maison : baguette, compotes goyave et mangue verte / cannelle, houmous, riz au lait à la cannelle, céréales granola maison ; et tout cela servi dans un petit salon cosy avec vue sur la vallée. Juste wahou !
Nous voilà apaisés et bien repus, nous pouvons partir à la découverte de Jardin. Nous partons pour une belle promenade sur les hauteurs du village pour aller voir le mirador près de notre lodge sur lequel se trouve un christ les bras écartés comme à Rio. Puis nous descendons au travers des champs de bananiers dans les chemins boueux pour rejoindre le centre de Jardin.
Nous arrivons au village et flânons dans les ruelles. Comme beaucoup de villages colombiens, nous retrouvons l’empreinte de l’architecture coloniale espagnole avec ses maisons à la chaux blanche. Nous nous arrêtons déjeuner dans une crêperie, tenue par une colombienne qui a vécu 20 ans à Paris et qui a ramené comme elle le dit un peu de la France avec elle.
L’après-midi, nous partons pour une petite promenade de 8km autour de Jardin pour prendre un peu de hauteur de l’autre côté du village par rapport à notre lodge. Nous nous enfonçons dans la nature luxuriante et verdoyante (on voit qu’il pleut beaucoup ici :)), découvrons pleins de beaux oiseaux colorés, des plantations de café et de bananiers… Les paysages sont vraiment magnifiques ici.
Nous rentrons tranquillement à notre hotel avec de quoi préparer notre dîner vegan. Nous rencontrons deux couples de français avec lesquels nous échangeons avec plaisir sur nos projets respectifs durant la soirée. Et puis tout le monde va au lit tôt pour se préparer à la grosse journée de ballade du lendemain.
Le lendemain matin, je participe à une nouvelle séance d’accro-yoga avec des étirements en mode portée, je plane… Puis suit le merveilleux petit-déjeuner toujours tout fait maison : aujourd’hui arepas avec guacamole et petite salade de tomate pour mettre dedans. On se régale une fois de plus. A 9h du matin, le temps ne semble pas être de la partie… Il tombe des trombes d’eau, pas étonnant que les paysages soient bien verdoyants 🙂 On décide de reporter notre randonnée au lendemain. Du coup, on profite d’une matinée farniente : école, lecture, hamac et pour bien clôturer tout ça un massage thaïlandais doux sous les mains expertes de notre hôte Paula… Nous voilà bien zen et détendus !
Nos amis Et pourquoi pas aller voir ailleurs ? sont arrivés au village. On leur propose de passer l’après-midi ensemble et de partir visiter une finca de café d’un producteur local bio recommandé par notre auberge.
Nous sommes reçus par René, un des rares producteurs bio de café de la région. Il prend le temps de nous expliquer son parcours jusqu’à la reprise de la finca de ses parents. Initialement formé dans l’écologie, il a voulu mêler sa passion du café et ses compétences en matière d’environnement afin de produire du café de façon plus éco-responsable. Il nous fait visiter tout d’abord ses plantations afin de nous expliquer comment il cultive et quelles sont les différences avec ses voisins qui produisent du café en masse avec des produits Monsento. Il utilise les notions de permaculture notamment : au milieu des caféier, il plante d’autres arbres comme les bananiers, les avocatiers, les orangers… Ces arbres apportent l’ombre nécessaire au caféier de type Arabica et aussi apportent une saveur différente. Il utilise également la culture en terrasse afin que ne pas perdre les nutriments qui ruissellent avec les eaux de pluie.
Puis nous allons du côté de la production du produit fini : les « fruits » du caféier ramassés sont passer dans une machine qui enlève la 1ère pellicule. Ils sont lavés et fermentent ensuite dans une cuve. Ils sont de nouveau relavés pour enlever la 2ème pellicule un peu gluante. Ensuite ils arrivent dans une sorte de goulotte dans laquelle on va trier les 3 qualités de café : les plus légers en premier sont les moins qualitatifs car il reste encore des pellicules et souvent ils sont plutôt creux, la moyenne qualité et enfin la très bonne qualité. Ces grains sont ensuite séchés dans une serre, toujours répartis par niveau de qualité. Et c’est assez flagrant quand on pèse les grains : les moins bons qui servent à faire de l’instantané sont beaucoup plus légers par rapport aux très bons grains qui partiront principalement pour la consommation des étrangers. Et oui, ce qui est dingue en Colombie, c’est que le café est bien moins bon dans leur pays que celui que l’on boit en France ! Il l’appelle d’ailleurs le tinto, et pour faire passer le goût ils mettent une tonne de sucre…
On termine notre tour par une dégustation : d’abord avec la presse à café puis avec la machine à expresso. Mmm enfin un bon café ! René en profite pour nous faire un cours de caféologie sur la façon de bien préparer le café notamment avec la presse, on va ramener tous ces bons tuyaux à la maison et notamment au papa de Ludo qui aime boire ce type de café.
Nous rentrons en tout début de soirée à l’auberge. Nous rencontrons un couple franco-colombien avec lequel nous discutons de bonnes heures échangeant sur la biodiversité et les peuples indigènes de la Colombie. Ils sont en cours d’installation en Colombie pour travailler avec des associations auprès des peuples indigènes, appréhender leur position par rapport à la biodiversité et en tirer des leçons qu’ils pourraient retransmettre dans des conférences aux étudiants dans un premier temps et voire ensuite les collégiens et lycéens. Nous nous laissons sur ces doux rêves d’un monde meilleur et plus respectueux de l’environnement…
Le lendemain matin, le rendez-vous est donné : 10h, nos amis nous rejoignent à l’auberge pour une randonnée annoncée de 6 heures aller-retour pour voir les 3 cascades. On nous a prévenu : ça grimpe un peu, c’est un peu humide, on peut potentiellement rentrés sales 🙂
On est partis. Ca commence par monter tranquille, quelques ruisseaux à traverser, on est prudents pour ne pas se mouiller. Petit à petit on traverse les champs de bananiers, les prés des vaches, attention aux bouses bien fraiches… Ca commence à devenir de plus en plus boueux… Les petits, Malo et son copain Hugo, filent devant avec Ludo. Notre grand préfère fermer la marche derrière notre ami, Stéphane, qui a décidé de nous accompagner malgré son entorse à la cheville. Ca commence à se compliquer pour ne pas se mouiller les pieds voire même s’embourber, au bout d’une heure de marche, on a compris qu’il fallait renoncer à vouloir éviter de mouiller ou salir les chaussures, allez on y va en plein dedans… Nous arrivons à un cul de sac après la 1ère cascade, il semble y avoir eu un glissement de terrain on ne voit plus de chemin.
Après quelques recherches, on finit par retrouver le chemin qui grimpe dans la montagne et évite le glissement de terrain. La pluie commence à tomber de plus en plus. Au bout d’une dizaine de minutes, nous sommes détrempés de la tête au pied. Le chemin est difficile, très boueux avec quelques passages où on s’enfonce jusqu’aux chevilles. On croise quelques groupes qui ne nous rassurent pas sur le temps de marche qu’il nous reste à parcourir. Certains membres de la troupe commencent à se démotiver… Mais pas les deux petits Malo et Hugo son copain qui carburent devant. A la fin de la montée, nous arrivons sur un chemin qui descend à la verticale avec une corde. C’est vraiment l’aventure ! Ludo gère les 2 petits et chacun se débrouille comme il peut pour descendre sans glisser mais clairement on ne se voit pas faire le retour. On arrive au torrent où nous faisons une pause pique-nique très rapide car tout est trempé et on est gelés. On commence chacun silencieusement à chercher au fond de nous-même un reste d’énergie et de gnac pour finir cette randonnée… Nous devons traverser le torrent à l’aide d’un pont de singe avant de rejoindre la dernière cascade pour laquelle nous étions venus. Au vue de nos difficultés sur l’aller, nous préférons ne pas faire le même chemin et finir la boucle en espérant arriver un jour… Le ciel redevient menaçant, le tonnerre commence à gronder, ce qui ne nous rassure pas au vue des expériences que nous avons eu quelque fois avec la foudre. Cela nous met le bon petit coup de pression pour marcher plus vite et en finir avec cette randonnée. Il nous faudra encore quelques heures pour rejoindre la civilisation. Nous finissons par tomber sur une ferme isolée. C’est notre chance, car nous ne captons pas le réseau. Les fermiers nous proposent de nous nettoyer dans leur fontaine pendant qu’ils appellent un taxi pour nous ramener au village. Il est 17h, nous avons marché 13km dans la boue et fait 1000m de dénivelé ! On est « au bout de notre vie », trempés, frigorifiés, on rêve de la douche bien chaude. En tout cas, ça restera un sacré souvenir avec la famille Et pourquoi pas aller voir ailleurs ?
De retour à notre lodge, après une bonne douche pour se décrasser, les enfants ont le plaisir de suivre un cours particulier d’aéro-yoga avec toujours la charmante Paula. Ils sont ravis. Nous dinons ensuite en compagnie de Raoul et Paula et échangeons sur leur vie au Vénézuela, un beau moment de partage.
Le lendemain matin, nous repartons pour une journée de transit en direction de Salento. Nous prenons notre dernier petit-déjeuner dans notre super eco-lodge. Notre hôte montre à Ludo comment préparer de succulents arequipe maison. Nos affaires d’hier n’ont forcément pas trop séché, les chaussures et les vestes sont encore bien trempées. Tanpis, ce sera système D, on chausse les tongs à l’allemande pour notre voyage en bus.
Nous prenons un premier bus, appelé Chiva Bus. Ce sont des bus hyper colorés, avec seulement des bancs, sans portes ni fenêtres, très folkloriques ! Et c’est parti pour 4 heures de route sinueuse dans la montagne, des fois à peine plus large que le bus, entrecoupées de quelques pauses au milieu de nulle part pour manger ou charger du bois. Il y a de l’ambiance dans le bus avec un mélange de musique locale et internationale et des led qui clignotent au rythme de la musique. On en profite même pour faire sécher nos chaussures sur le toit du bus. Puis à midi nous prenons un deuxième bus, plus classique, avec un fanjo du volant qui nous ballote dans chaque virage… estomac sensible s’abstenir ! Nous arrivons en fin de journée à notre auberge avec la famille Et pourquoi pas aller voir ailleurs ? et un couple de français Guillaume et Alicia. Nous préparons un dîner et un film aux enfants puis nous sortons entre adultes pour dîner dehors. Nous nous régalons d’une truite à l’ail ( et pas frite pour une fois !! car en Colombie tout est frit 😦 ) et en dessert un brownie :p
Le lendemain, nous partons tous les 5 à la découverte de la vallée de Cocora. Il s’agit d’un des sites touristiques les plus emblématiques de Colombie : un paysage de montagne verdoyant avec les plus haut palmiers du monde qui culminent à plus de 70 mètres de hauteur.
Nous prenons une jeep pour aller sur le site où commence la randonnée. Nous commençons à grimper sur les hauteurs. Le ciel est dégagé, rare dans cette région. laissant profiter du paysage magnifique avec ses montagnes recouvertes d’un tapis vert éclatant, ses palmiers semblant vouloir toucher le ciel et ses condors tournoyant dans les airs… La ballade est plutôt facile (forcément après celle de Jardin, tout nous parait facile). La végétation change au fur et à mesure que l’on prend de l’altitude. Nous montons jusqu’à presque 3000m, les forêts de conifères commencent à apparaitre. Il y a également des centaines d’oiseaux à observer ou chercher, avec de belles couleurs rouge, jaune, vert…
Une fois sur les hauteurs, nous prenons notre pause pique-nique avant d’entamer la redescente. Nous arrivons tout en bas au niveau de la rivière. Nous faisons un petit crochet pour aller voir la ferme aux colibris. Dans cette ferme, ils nous servent un morceau de fromage servi avec une tasse d’infusion à la canne à sucre. Les colibris sont présents par centaines, virevoltant entre les arbres et les mangeoires. Le spectacle est magique, les garçons ne s’en lassent pas. Puis nous reprenons le chemin du retour. Nous traversons plusieurs ponts au dessus de la rivière, dignes des films d’Indiana Jones. Les enfants s’y croient, et leur conquête du Saint Graal est l’arrivée à la jeep. Nous terminons la ballade avec la lumière de fin de journée, vraiment magnifique sur cette vallée qui se dévoile petit à petit devant nous quand nous sortons de la forêt et traversons les verts pâturages. Nous avons un véritable coup de cœur pour ce petit coin de paradis.
Nous arrivons vers 17h au parking où nous attendons qu’une jeep nous ramène au village de Salento. Nous retrouvons nos amis à l’auberge avant d’aller dîner tous ensemble au restaurant dans un restaurant à tapas espagnol.
Le lendemain, nous profitons du village de Salento. Nous parcourons les ruelles et flânons dans les boutiques d’artisan. Nous allons également voir les différents miradors qui offrent un beau point de vue sur le village et les montagnes environnantes. Nous allons ensuite déjeuner dans un petit restaurant que notre hôte nous avait conseillé. Nous ne regrettons pas avec des belles assiettes de truites marinées à un prix modique !
L’après-midi, nous nous décidons pour un petit tour à cheval d’une heure. Les enfants sont ravis et trouvent très rapidement leurs aises sur leur destrier. Hugo va même à pousser plusieurs fois le trot. Malheureusement pour moi, mon cheval suit ses camarades et je ne suis pas du tout à l’aise sur un cheval… La ballade est belle car nous prenons une fois de plus de la hauteur et profitons de jolis points de vue sur la vallée. Personnellement je suis contente de rentrer tellement je suis tendue. Quand on descend de nos montures, nous avons l’impression d’être des cow-boys et avons du mal à retrouver une façon de marcher normale ! Les enfants nous demandent déjà quand ils pourront refaire du cheval…
Nous rentrons à l’auberge récupérer nos bagages et dire au revoir à nos amis. Cette fois-ci, nos chemins se séparent avec Et pourquoi pas aller voir alleurs ? pour la suite de notre voyage mais nous nous reverrons en France c’est sûr. Nous allons retrouver par contre Guillaume et Alicia après la Colombie.
Nous filons car notre bus de nuit nous attend pour nous ramener vers la capitale. Cela sonne la fin de notre voyage en Colombie…
A suivre…