14 mai 2021
Nous quittons les îles Galapagos avec beaucoup de peine pour rejoindre en fin d’après-midi la capitale économique de l’Equateur, Guayaquil. C’est vendredi, et la ville est confinée à partir de 20 heures et pour tout le week-end. Nous nous pressons donc pour récupérer notre appartement puis faire les courses pour tenir pendant ces 2 jours.
Nous ne sommes pas mécontents d’être confinés finalement. Cela nous permet de nous poser, préparer l’itinéraire de l’Equateur, se mettre à jour côté école et côté blog. On retrouve également le plaisir de se cuisiner quelques bons petits plats et reboire un peu de vin : pytt y pana, empanadas maison, fondant au chocolat, pancakes… Enfin comble du bonheur, j’ai à dispo tout le week-end un lave-linge et un sèche-linge de capacité 18kg chacun. Alors autant vous dire, que dans ces conditions, je lave tout même le propre 😀
Lundi matin, nous prenons le bus en fin de matinée pour rejoindre la ville de Cuenca. C’est parti pour 4 heures de trajet : on part de l’altitude 0, on monte jusqu’à un col à 4000m (si si !!) pour redescendre jusqu’à la ville située à 2500m. La route est belle, à travers les Andes verdoyantes, elle passe notamment par le parc national de Cajas, réputé pour ses randonnées. Nous arrivons à notre hôtel en début d’après-midi avec une migraine qui commence à s’installer pour Ludo, Hugo et moi : un premier effet de l’altitude. Il faut dire qu’après 1 mois passé à 0m d’altitude aux Galapagos, il va nous falloir un peu d’adaptation à ces altitudes et aux variations quand on voyage d’une région à une autre. Nous déjeunons sur le pouce sur le toit-terrasse de l’hotel avant de partir à la découverte de Cuenca.
Cuenca est la 3ème plus grande ville d’Equateur. Elle est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. D’abord berceau des cañaris, elle fut conquise par les incas qui en firent la seconde capitale de leur empire. Puis vinrent les conquistadors au XVIème siècle. Les espagnols jetèrent les pierres de construction des bâtiments inca à la rivière et construisirent par dessus les vestiges. On retrouve ainsi dans la vieille ville beaucoup de monuments de style colonial construits sur des fondations inca. Par ailleurs, une figure politique féminine de cette ville a fait venir de nombreux architectes français pour construire certains édifices. Vous l’aurez compris, l’architecture de Cuenca traduit un joli mélange de style et de cultures.
Nous visitons la ville en flânant dans les rues jusqu’à la tombée du jour. Les enfants tombent sur un magasin de Lego et négocient un petit personnage chacun avec les sous qu’ils ont eus de la petite souris. Nous rentrons avec de quoi préparer notre repas du soir. Hugo va se coucher sans manger tellement il a mal à la tête. Nous ne trainons pas après lui car nous sommes à peu près dans le même état…
Le lendemain, nous avons pris rendez-vous à 11H avec Mishelle, une locale qui joue le rôle de guide lors d’un free walking tour. C’est une façon de découvrir la ville et son histoire différemment avec une véritable empreinte locale. Nous commençons par découvrir l’histoire à travers la découverte de plusieurs bâtiments de style colonial, ceux également construit sur les fondations inca ainsi que ceux réalisés par les architectes français.
On découvre ensuite la plus vieille pharmacie de Cuenca, allemande à l’origine. Elle a gardé l’intérieur tout en bois du siècle dernier. On y sert la boisson type anti-gueule de bois : un soda rose dans lequel on met une poudre blanche qui mousse (comme l’asparthame avec de l’eau… une expérience de mon grand-père chimiste…). Bon les enfants ont bien aimé, gloups…
Puis Mishelle nous parle de religions et croyances héritées respectivement des espagnols et des indigènes (esprits et superstitions). Les équatoriens de façon générale sont de fervents catholiques, mais à Cuenca c’est encore plus criant. Elle nous emmène boire l’eau de fleurs, préparé par les nonnes du monastère, un savant mélange de 25 fleurs différentes (à boire, on dirait plutôt un bain de bouche !). Cette boisson a pour effet de se faire pardonner ses pêchers à Dieu. Nous ne rencontrons pas de nonnes par contre. Car une fois dans les ordres, elles n’ont pas le droit d’avoir aucun contact à l’extérieur, ni même de se parler entre elles !!! Et c’est un cadeau pour une jeune fille de devenir nonne, un privilège dans la fratrie car toutes les filles d’un même foyer ne pourront le devenir… Le monastère est à côté du grand marché aux fleurs, la 4ème production qui est exportée par l’Equateur après le pétrole, les bananes et les fèves de cacao.
Le stand pour acheter l’eau des fleurs Un tourniquet pour vendre les autres productions des nonnes sans contact avec l’extérieur
Puis nous allons visiter le marché local pour en apprendre plus sur les spécialités notamment le plato de Hornado (un joli cochon de lait grillé :p). L’Equateur bénéficie d’un climat particulièrement propice à la production de fruits et légumes tout au long de l’année. Les étals du marché sont riches en fruits et légumes multiples, en herbes aromatiques et plantes médicinales. Et c’est également un jour spécial : les femmes indigènes viennent au marché pour une « limpia esperitual », littéralement nettoyage de l’esprit. C’est décidé, je fais le cobaye de la famille. Elle commande par me fouetter tout le corps avec un bouquet de plantes aromatiques, puis elle me fait une marque noire sur le front, le bas du ventre et le bas du dos. Enfin elle prend un œuf qu’elle tapote sur tout mon corps, autant vous dire que j’attendais le moment où elle allait l’écraser sur ma tête ! Finalement, elle casse l’œuf dans un verre, l’étudie quelques minutes et me fait mon bilan énergétique : j’ai l’œil du diable (il faut comprendre que j’ai chopé les énergies négatives de quelqu’un…) et je dois prendre soin de mon corps au risque d’attraper froid. Enfin après tout ça, me voilà purifiée au niveau des énergies 🙂
La visite guidée arrive à sa fin au marché. Nous en profitons pour déjeuner le fameux cochon de lait avec les locaux.
Nous récupérons ensuite nos sacs à l’hotel pour repartir en direction de El Tambo, un petit village sur la route des volcans à mi-chemin proche d’un site inca. Nous profitons d’un agréable trajet de bus dans les paysages de montagne verdoyants de l’Equateur. Les Andes ici sont plus exploitées qu’en Colombie, on trouve des petits villages tout le long et beaucoup de champs et ce quelle que soit la pente. Nous arrivons dans une petite auberge à 2 pas du bus, dans une rue calme, à la fois très pratique et reposant. Et avec 4 couvertures pour dormir, on devrait passer une très bonne nuit 🙂
Le lendemain matin, nous partons tôt pour rejoindre le site inca d’Ingapirca à une demi-heure de route de El Tambo. Le taxi nous dépose devant l’entrée du site. Malheureusement pour nous, ce dernier est fermé à cause du COVID, il n’ouvre que les week-end. A défaut, on nous indique une jolie ballade qui tourne autour des vestiges inca à l’extérieur des clôtures : il s’agit du camina inca, littéralement le chemin inca, qui est en fait un chemin de randonnée d’une quarantaine de kilomètres sillonnant la région.
Deux heures plus tard, après le tradition almuerzo au marché, nous retournons récupérer nos bagages à notre hôtel de El Tambo puis nous prenons le bus en direction de Riobamba.
Riobamba est une grande ville au pied du plus grand volcan équatorien, le Chimborazo, culminant à 6268 mètres. C’est également le plus haut sommet du monde, largement devant l’Everest, car le plus éloigné du centre de la Terre !
C’est ici que nous retrouvons nos amis Guillaume et Alicia, avec qui nous avons prévu de grimper au refuge du Chimborazo le lendemain.
Nous nous offrons un petit restaurant tous ensemble avant d’aller se coucher tôt car demain matin, réveil à 6h30 !
Tout ne se passe pas comme prévu. Très vite après le coucher, Hugo ne se sent pas bien. Le mal des montagnes s’installe : migraine et nausées vont rimer sa nuit, et la mienne pendant près de 4 heures… Autant vous dire que ni Hugo ni moi étions en état pour faire la randonnée prévue au petit matin. Malo préfère rester avec sa maman (ça étonne hein ?). Nous profitons donc de la journée pour nous reposer, travailler un peu pour les enfants, faire le blog de mon côté…
Pendant ce temps, Ludo, Louis et nos amis rejoignent le pied du volcan à 4000m au bout de deux heures de route avec deux autres français Anne et Alex rencontrés à l’hostel. La chance est avec eux car à 4000m, les voilà au dessus de la mer de nuages, le Chimborazo et son sommet tout blanc se dessine dans le ciel bleu, juste magnifique.
Ils montent lentement jusqu’à 4800m au premier refuge sur un chemin en pente douce sans difficulté. Pour autant, Louis commence à sentir les premiers effets de l’altitude et souffre du ventre et de la tête. Du coup, Ludo décident de rester avec lui au premier refuge et d’attendre les autres qui vont rejoindre le second point de vue à 5100m.
Une heure plus tard, les voilà de nouveau tous réunis. Il y a une boucle pour rentrer à 4000m mais apparemment il faut 6 heures de marche. Ludo, Louis, Guillaume et Alicia préfèrent couper tout droit et rentrer plus vite à Riobamba. Et c’est là que ça se corse, car à vouloir redescendre trop vite, ils commencent tous à avoir le mal des montagnes. Le corps supporte mal les fortes variations d’altitude.
Ils rentrent tous avec une migraine carabinée, et des nausées en prime pour Ludo.
Quand je les vois arriver à l’hostel, ils n’ont pas fière allure. Au bout de quelques heures et après avoir grignoté, le mal s’estompe petit à petit.
Nos amis repartent pour la suite de leur voyage sur la route des volcans.
Louis veut m’accompagner faire un tour en ville vu que je ne suis pas sortie de la journée. Nous partons pour une bonne ballade de 1h, mère et fils, à découvrir quelques monuments de la ville auxquels je ne m’attendais pas et faire les petits achats pour les réparations à venir (fil à coudre, glu…). Nous restons passer une dernière nuit à Riobamba.
Le lendemain, nous prenons notre temps le matin après toutes ses aventures. Nous partons après le déjeuner pour 3 heures de route jusqu’à Puyo, le point d’entrée de l’Amazonie. Nous profitons encore et toujours des paysages le long de la route, notamment le Chimborazo, puis les montagnes andines. Surtout après 1H30, nous passons Baños, ville réputée pour ses thermes et ses cascades. La route entre Baños et Puyo surplombe la rivière et les multiples cascades en redescendant petit à petit à des altitudes bien plus basses. Puyo se trouve à 950m d’altitude. Arrivés à Puyo, nous filons dans un taxi pour emmener nos enfant vers la surprise qui les attend : El Paseo De Monos, littéralement le chemin des singes. Et oui nous allons passer quelques jours dans un refuge pour singes. Les enfants sont ravis !!!
Nous sommes accueillis sous une grosse pluie tropicale par Yvan, qui a créé ce refuge il y a plus de 20 ans. C’est un suisse originaire de Montreux, pas du tout soigneur à la base. Il a acheté cette propriété de 2ha dans la forêt amazonienne en 1999, au moment où l’Equateur a changé de monnaie suite à une grave crise économique, le pays est passé du Sucre au Dollar US. Cela a été une belle opportunité pour Yvan à cette époque. Il ne se destinait pas à s’occuper des singes, il avait à l’époque une dizaine de chiens. C’est avec le temps que les habitants se sont tournés vers lui à propos de petits singes à récupérer. Les singes sont victimes ici de braconnage et de la disparition de leurs habitats. Quand ils arrivent au refuge, ce sont souvent des bébés qui ont perdu leur mère. Depuis, d’autres animaux ont rejoint les singes : les boas, les coatis, les tortues, les perroquets, les oslos et les margays…
Nous arrivons en fin de journée, la nuit tombe vite. Nous discutons alors avec Yvan qui nous explique quelques petites choses à savoir vis à vis des singes et des coatis qui sont en liberté dans le refuge : en clair on ne s’approche pas voire on s’éloigne quand le coati s’approche trop près sauf la grosse Marie. Nous prenons tranquillement nos marques dans la maison avec nos hôtes et Tanguy et Marin, deux jeunes volontaires qui sont là depuis 10 jours déjà. Nous goûtons notre premier repas préparé par Liseth, la femme de Yvan, qui cuisine divinement bien !
la grosse Marie 🙂
Nous passons 4 jours dans le refuge dans la peau de soigneur. La journée est rythmée par la préparation des repas pour les animaux le matin : découpe de tous les fruits et légumes, répartition par gamelle selon chacun des enclos, et distribution. Puis on s’y remet après le déjeuner pour la distribution de bananes cette fois. En parallèle, il y a des activités selon les jours de la semaine : le nettoyage des enclos notamment. Hugo a eu la « chance » de nettoyer les enclos des bébés. Heureusement celui des cochons sauvages était déjà passé :). Hugo et Ludo ont également aidé Liseth à administrer les anti-parasitaires à chacun des animaux. Toute la famille a bien aimé jouer les soigneurs. Pour ma part, j’ai quand même eu un petit accroc avec un singe laineux qui m’a attrapé le doigt avec une force incroyable et a fini par me le croquer… Aie !! La dent s’est enfoncée bien profond. Yvan s’occupe vite de moi et me rassure sur ma blessure. J’avoue qu’après cet incident, j’étais un peu flippé des singes en liberté (seulement 2 capucins et quelques singes écureuils)…
la clinique la clinique préparation anti-parisitaire livraison des bananes singe écureuil distribution des bananes avec mon bobo
Nous avons également eu le droit à la visite incontournable du petit bout de la forêt amazonienne appartenant au refuge avec Yvan et son fidèle Felipe, un bébé singe laineux qui ne quitte pas la belle chevelure de Yvan. Ce Felipe se ballade aussi dans la maison, prend le biberon avec sa mère d’adoption Liseth et passe le plus clair de son temps sur la tête de Yvan.
Pendant plus d’une heure, Yvan nous explique la forêt, la faune, la flore, les aménagements qu’il a fait et les idées qu’il a encore en tête (car il déborde d’idées !), nous passons un agréable moment.
les fourmis feuilles Marie épuisé après que le petit mâle est profité d’elle…
Cela a été également 4 jours riches en partage : échanges de bons plans voyage avec les volontaires que nous avons orienté sur les Galapagos, de films et de livres avec Yvan intarissable sur la littérature, de bons petits plats avec Liseth (Ludo nous a même fait des pizzas !)… Nous repartons pleins de souvenirs, Hugo promet même de revenir quand il sera plus grand et pour un volontariat un peu plus long.
Nous les quittons après un gros câlin (ça fait longtemps !!!) et reprenons le chemin de Baños pour la soirée.
A suivre…
Quelles extraordinaires aventures!
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