Du nord d’Uyuni jusqu’au parc de Sajama

5 août 2021

Nous quittons le Salar d’Uyuni ce matin. Nous nous rendons dans la communauté de Alcaya. C’est ici que se trouvent les vestiges et les momies des chulpas, un peuple qui vivait il y a plus de 2500 ans. Nous devrions avoir un guide local pour visiter. Mais comme il y a pratiquement aucun touriste, le guide n’est pas sur place et est resté à la ville à 1h d’ici. Wilmer va se renseigner auprès des habitants de la communauté. Il obtient l’autorisation de visiter sans guide. Nous partons alors tous les 5 accompagnés de Wilmer et Augustina sur les chemins des chulpas. Nous grimpons sur un chemin de montagne, le long des flans de montagne où on découvre les premières sépultures des chulpas. Selon la tradition, nous laissons un peu de feuilles de coca sur une des premières sépultures en demandant l’autorisation aux ancêtres de se promener dans leurs montagnes.

Plus nous montons et plus nous découvrons un panorama encore différent de la Bolivie et toujours aussi beau avec ses roches ocres, ses cactus et ses reliefs. Nous arrivons à un mirador qui marque l’entrée du village des chulpas. Toutes les habitations sont en pierre des murs jusqu’au toit. Les maisons sont toutes petites et ont une petite fenêtre carrée qui fait office de porte d’entrée. Les ruines sont très étendues sur toute la montagne, c’est impressionnant de voir de telles vestiges vieux de plus de 2500 ans. La légende raconte que ce peuple vivait avec la lune et quand le soleil est apparu ils se sont enfermés dans des grottes et sont morts de famine. Au delà des ruines, on peut également voir des momies très bien conservées qui sont repliées sur elles-mêmes comme des foetus, et dont on peut encore voir les mains ou les ongles. On termine cette ballade de 1h30 en faisant une boucle et en redescendant à la voiture. Finalement nous sommes très contents de ne pas avoir eu de guide local car nous avons eu de supers échanges avec Wilmer et Augustina sur cette visite. Augustina découvrait le site avec nous et partageait notre émerveillement.

Nous reprenons la route vers le nord pour rejoindre le Salar de Coipaca. Nous commençons à apercevoir la ligne blanche à l’horizon avec des mirages. Les petites îles sur Salar semblent être des vaisseaux sortis du film Star Wars… Puis nous nous rapprochons pour enfin le traverser. Le Salar de Coipaca est deux fois plus petit que celui d’Uyuni mais 5000 km2 tout de même et il est tout aussi beau. Wilmer s’arrête au milieu de ce désert de sel pour notre pause déjeuner. C’est magique ! Qui aurait cru qu’un jour on mangerait en plein milieu du Salar ?
Le déjeuner est excellent comme tous les repas d’Augustina et le cadre exceptionnel.

Nous décidons de refaire quelques photos fun une dernière fois sur un Salar.

Puis nous repartons.

Wilmer cherche son chemin pour rejoindre l’autre berge. Il n’y a pas de traces d’autres passages visible. Il demande de l’aide à Ludo avec son application maps.me.   notre chauffeur s’inquiète par endroit de l’épaisseur de la croûte de sel et préfère bifurquer un peu plus loin. Au bout d’un moment, nous sentons que la conduite est bizarre, comme si on ralentissait par moment pour finalement s’arrêter complètement. Aïe aïe aïe ! On vient de s’embourber. Et oui, sous la croûte de sel trop légère pour notre 4×4 bien chargé, il y a une bonne couche de boue…

Dans un premier temps, Wilmer appelle l’auberge de la veille pour trouver de l’aide. Au final, il arrive à joindre par leur intermédiaire un villageois à une dizaine de kilomètres pour venir nous aider. En attendant, Wilmer cherche à lever la roue arrière gauche avec son crique. Il utilise le système D à la Mac Giver pour ne pas que le crique s’enfonce lui aussi dans le sol, en l’occurrence en s’appuyant sur la bouteille de gaz. Puis une fois la roue levée, nous remplissons le creux laissé par la roue avec des croûtes de sel du Salar. Mais son système ne suffit pas pour soulever correctement la roue, même la bouteille de gaz s’enfonce à travers la croûte de sel dans la boue. Du coup, Ludo part avec les enfants en direction de la berge à 3km, Wilmer les rejoint ensuite. Ils ramènent des briques et des morceaux de bois de plusieurs tailles. Forcément 6km aller/retour ils mettent du temps à revenir et en plus ils sont bien chargés. Au même moment arrive un homme sur une moto, pas de première jeunesse, c’est le gars du village qui vient nous donner un coup de main. Nous vidons toute la voiture : coffre et toit inclus pour minimiser le poids sur les roues arrières. Puis c’est reparti avec la même technique sauf que le bois et la brique permettent de mieux caler le crique pour lever la roue. Au bout d’1h30 d’efforts, les deux roues arrières reposent enfin sur une couche de sel. Wilmer passe au volant, nous à l’arrière de la voiture pour donner un coup de pouce et hop ! Enfin la voiture est dégagée. Wilmer ne traine pas pour éviter un nouvel enlisement et file plusieurs centaines de mètres plus loin…

Il ne nous reste plus qu’à ramener tous les sacs, bidons d’essence, bouteille de gaz, roues de secours, affaires de cuisine jusque là-bas… Heureusement le villageois qui est venu nous aider fait les aller/retour avec sa moto pour ramener les bidons d’essence. Une fois tout chargé et remis en place, nous repartons en suivant précautionneusement le gars sur sa moto pour prendre le meilleur chemin pour rejoindre la berge. Une fois en sécurité sur la terre ferme, Wilmer s’arrête pour remercier le gars et lui donner un pourboire. Il est 16h30 et nous sommes encore loin de notre hôtel…

Nous profitons de beaux paysages tout au long de la route et avons même le droit à un magnifique coucher de soleil sur les montagnes depuis une dune de sable.

Il nous reste encore deux heures de route quand la nuit tombe. On se fait arrêter au moins 5 fois sur le chemin pour les contrôles militaires qui surveillent la contrebande, très présente dans cette région car proche de la frontière chilienne. En plus, ce n’est pas une route mais un chemin qui zigzague entre la rivière, la lagune… Des fois dans le noir on ne voit plus le chemin. Le retour est épique ! Mais c’est aussi ça l’aventure de tour du monde. Nous arrivons à 21h30 à l’hôtel, tous bien fatigués. On n’ose même pas imaginer l’état de fatigue de Wilmer… Mais le bonheur à l’arrivée : deux chambres séparées avec du chauffage et de l’eau chaude !! Le grand luxe après ces 5 jours :). Je vous laisse imaginer la suite : on dîne dès que c’est prêt et on va se coucher très vite !!!!

Le lendemain matin, nous avons le droit à la grâce matinée. Ça fait du bien à tout le monde après l’épopée de la veille. En ouvrant les rideaux, je découvre une super vue sur les montagnes chiliennes enneigées qui contraste avec le beau ciel bleu azur. Le petit déjeuner est servi à 8h.  Augustina nous a préparé des « pastelles » qui nous rappellent les queues de castor du Québec. C’est une sorte de pâte à beignet servie avec du sucre, gras et bon à souhait.

Nous partons vers 9h pour la découverte de cette fabuleuse région de Sajama. Nous nous approchons de la frontière chilienne pour aller voir les geysers.

Wilmer a acheté au passage des oeufs pour les faire bouillir sur place. Le site se trouve sur les hauteurs près d’un ruisseau de montagne où les eaux bouillonnantes tombent en cascades dans la source froide. Il y a de multiples trous fumants d’eau chaudes d’où remontent des petits bulles ou des gros bouillons. Wilmer fait cuire ses oeufs dans l’un de ces bains chauds. Nous avons de bons oeufs durs avec un jaune crémeux pour notre encas du matin. On se régale sans compter que ça amuse bien les enfants.

Ensuite, nous prenons un chemin pour prendre un peu d’altitude et pouvoir profiter d’une vue panoramique sur le site des geysers d’un côté et de l’autre sur le fameux volcan Sajama qui culmine à plus de 6500m d’altitude. Au mirador, il y a les restes d’un feu, trace d’une coutume quechua. Wilmer nous explique alors qu’au 1er août, ils ont la coutume de faire cuire dans des braises un mélange de différents produits de dame nature afin de remercier la Pachamama autrement dit la terre mère. La coutume peut aller jusqu’à sacrifier un lama et de lui retirer son coeur encore battant pour l’enterrer et ainsi le donner à la Pachamama. Nous passons un bon moment sur cette ballade à échanger sur les coutumes et les croyances de nos deux pays. Puis nous reprenons la voiture pour rentrer à l’auberge.

Quand nous arrivons, il y a une grosse fête sur la place du village. Nous sommes en effet le 6 août et c’est le jour de l’indépendance de la Bolivie. C’est donc un jour férié et de fête avec la fanfare, les discours des officiels et de nombreuses danses des plus petits aux plus grands. Nous regardons un petit moment la fête. Beaucoup de femmes parmi les plus anciennes portent les costumes traditionnels : grandes jupes plissées, châle et chapeau melon…

Nous allons ensuite déjeuner à l’auberge pour finir avec un petit café au soleil. Nous repartons en début d’après-midi pour la lagune de Huayna Khota. Les paysages traversés sont incroyables. Nous sommes dans une large plaine herbeuse jaune où paissent des centaines de lamas et alpagas, des fois des vigognes, entourés de montagnes enneigées. Une fois à la lagune, Ludo et moi partons marcher aux alentours pour avoir quelques photos des flamants roses et des vigognes près du volcan Sajama. Les enfants font des jeux à l’extérieur avec Wilmer, comme par exemple séance de tir de caillou sur des cannettes de bière, au premier qui y arrive… Les enfants partagent beaucoup avec notre guide, en particulier Hugo qui du coup progresse bien en espagnol.

Puis nous remontons en voiture en direction des eaux thermales. Sur le chemin, nous croisons un énorme troupeau d’alpagas avec des bébés tout blancs trop mignons, nous nous arrêtons pour prendre quelques photos.

Nous allons enfin aux thermes qui offrent une vue sympathique sur le volcan Sajama. Par contre nous avons le droit au prix touriste 4 fois plus cher que les thermes du deuxième jour mais bon ça reste raisonnable et les enfants ont tellement envie de se baigner. Nous y restons 1h30. Il y a pour une fois un peu de monde car comme c’est un jour férié les boliviens viennent en WE prolongé dans la région. Ça nous change de ne pas être tous seuls.

Enfin nous rentrons vers 17h : repos et douches en attendant le dîner. Pour ce dernier soir, nous offrons un petit apéro à Wilmer et Augustina. Augustina, elle, a tenu à nous gâter en nous préparant des lasagnes maison. On dine pour une fois tous ensemble. D’habitude Wilmer et Augustina sautaient le dîner. Cela fait partie des moments d’échanges avec les locaux que nous apprécions particulièrement. Puis nous allons tous nous coucher dans nos chambres chauffées, le luxe 🙂

Aujourd’hui, nous avons une longue route jusqu’à La Paz. Nous partons vers 8h du village de Sajama. Nous quittons très vite les chemins de terre pour rejoindre la route principale goudronnée, la première de notre périple de 7 jours. Nous roulons deux heures avant de rejoindre le petit village de Curahuara de Carangas pour visiter son église. Quand nous commençons à nous rapprocher du centre, et donc de la traditionnelle Plaza des armas nous nous retrouvons vite bloqués par les manifestations du jour. En effet, depuis deux jours, la Bolivie fête son indépendance. La fête dure sur un WE prolongé de 4 jours. Dans ce village, c’est défilé avec les costumes traditionnels, fanfares, danses… Nous sommes ravis d’être tombé ce jour-là et de pouvoir assister au folklore bolivien. Cette fête nous rappelle beaucoup l’esprit des conscrits de notre village du Beaujolais.

Nous profitons de suivre la fête en attendant que le gardien et guide nous ouvre son église pour la visiter. Qu’a-t-elle de particulier me direz vous ? C’est en fait une des plus anciennes églises coloniales du pays. Elle date de 1608 et des premiers temps de l’évangélisation chrétienne. Les fresques bibliques recouvrant les murs sont très bien conservées (du fait qu’il fait froid et qu’elles sont abritées de la lumière) et lui ont valu le surnom de « Chapelle Sixtine de l’Altiplano ». Elles expliquent l’ancien et le nouveau testament à travers des dessins simples et auxquels ont été intégrés des éléments indigènes, comme le cuy leur met préféré (entendez le cochon-dinde) lors de la Cène, afin que la religion soit plus facilement assimilée et intégrée. Les évangélistes n’ont cessé de faire des parallèles entre la religion catholique et les croyances indigènes pour les convaincre. La visite est très intéressante et l’édifice blanc de chaux à l’extérieur a beaucoup de charme.

Nous repartons pour La Paz. Vers midi, Augustina nous trouve un joli coin où nous arrêter pour le déjeuner. Nous sommes à côté de structures de torchis en formes de tour. On les appelle les chullpares. Il s’agit de tombes familiales datant de 1200 à 1500 après JC. On peut en voir tout au long de la route entre La Paz et Uyuni. Nous profitons de ce dernier déjeuner avec Augustina et Wilmer.

Nous rentrons sur La Paz en milieu d’après-midi. Wilmer nous ramène jusqu’à notre hôtel où nous attendent nos amis, la famille des 6 en sac.
Nous remercions chaleureusement Wilmer et Augustina qui ont été aux petits soins avec nous et qui ont rendu définitivement ce séjour magique. On les recommande à tout ceux qui veulent découvrir ces fabuleuses régions !!

A suivre…

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